Samedi 03 Mai 2014
Aujourd'hui, journée sportive qui s'annonce! En effet, j'ai quitté Auckland la veille avec un groupe d'une quinzaine de personnes, dont une dizaine d'Au Pair, en direction du Tongariro National Park dans le centre de l'île du Nord.
Le Tongariro National Park a été le premier parc national créé en Nouvelle-Zélande, et le quatrième dans le monde. Il s'étend sur une superficie de 79 598 hectares, et comprend trois volcans : le mont Ruapehu, le mont Tongariro et le mont Ngauruhoe. Si il est aussi connu, c'est en partie parce que c'est un haut lieu des sports d'hiver dans l'île du nord, avec des stations de ski très fréquentées de juin/juillet à août/septembre. Mais c'est aussi et surtout parce que c'est dans ce parc qu'est situé le circuit de la randonnée la plus célèbre de Nouvelle-Zélande, j'ai nommé le Tongariro Alpine Crossing!
20km de randonnée, entre 7 et 9h de marche, des dénivelés de 900 mètres... Une vraie promenade de santé, quoi... Le Tongariro Alpine Crossing étant considéré comme l'un des plus beaux treks d'une journée, c'est une activité touristique extrêmement populaire dans le pays. Seulement, c'est aussi une zone volcanique active (dont la dernière éruption date de 2012 - il y a d'ailleurs, fait extrêmement rassurant, des panneaux un peu partout à proximité des volcans avec les procédures à suivre en cas d'éruption surprise, à savoir courir le plus rapidement possible vers le bas de la montagne en essayant de ne rien se casser, au cas où vous vous poseriez la question).
De plus, la météo dans le Tongariro National Park est très aléatoire, et peut passer en à peine quelques minutes d'un grand soleil à une tempête de vent et de pluie, raison pour laquelle les hélicoptères de secours sont souvent sollicités pour venir en aide à des touristes n'ayant pas prévu d'équipement nécessaire pour de mauvaises conditions météo, ou bien ayant été assommés par une chute de pierres due au vent, ou bien tout simplement ayant surestimé leur condition physique et se trouvant coincés sur le circuit. Parce que oui, l'inconvénient du Tongariro, c'est que ce n'est pas une bouclé, et qu'après les deux premiers kilomètres, il n'y a plus possibilité de faire demi-tour, donc obligé de continuer!
Ceci dit, j'en fais un peu un scénario catastrophe, mais en étant préparé et avec un équipement adéquat, les risques sont quand même minimes. Mais ça reste quand même ultra, ultra physique.
Nous avons commencé la randonnée, motivés et dynamiques, à 9h30. Il faisait un froid glacial, avec un vent super fort que je sentais malgré mes 5 (oui, 5!) épaisseurs de vêtements. En effet, le Tongariro est le point le plus éloigné des côtes sur la Nouvelle-Zélande, et en général le climat s'en fait ressentir. C'est souvent là-bas que sont enregistrées les températures minimales en hiver.
Pour la petite histoire, mon groupe est composé, entre autres, de 3 brésiliens, et d'un russe. Je ne sais pas si c'est parce que ces 4 là avaient décidé de confirmer tous les clichés, ou si c'est autre chose, mais quoi qu'il en soit, là ou tout le monde avait bonnet, écharpe et doudoune, le russe (chauve, en plus!), a passé la journée en T-shirt. Normal. Les brésiliens, quant à eux, avaient minimum 2 épaisseurs de plus que tout le monde, et passaient leur temps à se plaindre du froid. Le choc des cultures.
Autre point qui fait que le Tongariro National Park est aussi connu : il a servi de décor au Mordor, dans le Seigneur des Anneaux. Donc randonnée difficile ou pas, vous l'avez compris, il fallait que je la fasse. Le seul souci, c'est que la météo de cette matinée n'est pas terrible, et que comme on est coincés dans un épais brouillard, on ne voit pas à 100m. Mais bon, l'idée est là, quand même.
Très vite, le groupe se sépare, chacun prenant son rythme de marche. Les deux premiers kilomètres sont plutôt tranquilles : c'est quasiment plat, les quelques montées sont très rapides à faire, ça avance tout seul. On commence même à se dire que si c'est facile, comme ça, tout le long, on va vite la finir, cette randonnée! Grossière erreur.
Arrivés à deux kilomètres, on tombe sur un panneau, qui nous dit que si on est trop fatigués, c'est le moment ou jamais de faire demi-tour. Seulement, après 2km de quasi-plat, on n'est évidemment pas fatigués du tout, alors on continue. Sauf que à peine trois minutes plus tard, ça commence à monter, et ça monte plutôt sévère!
Je sais, là-dessus, c'est pas flagrant, je vous l'accorde. Va falloir me croire sur paroles! (ou prendre un avion pour la Nouvelle-Zélande et venir tester, aussi, c'est vous qui voyez!)
Après quelques mètres de montée, je commence à remarquer quelques flocons de neige à côté du chemin, de temps en temps. Quelques mètres plus tard, les 2-3 flocons se sont transformés en bons centimètres qui entourent la piste.
Après quelques mètres de montée, je commence à remarquer quelques flocons de neige à côté du chemin, de temps en temps. Quelques mètres plus tard, les 2-3 flocons se sont transformés en bons centimètres qui entourent la piste.
Et encore quelques mètres plus haut, la neige recouvre également le chemin. La petite (oui, bon, d'accord, la grande) Bretonne que je suis n'étant pas habituée à la neige, à ce point-là, je me dis que ça en fait beaucoup, quand même. Ha. Haha. Hahaha.
Sauf que non, ça, c'était rien. Au bout du quatrième kilomètre, j'arrive là :
Puis là :
Que du blanc. Du blanc partout. Apparemment, à ce point là, j'était sur un plateau entre deux montagnes, mais avec le brouillard je ne voyais strictement rien à part du blanc. En plus, comme monter jusque là m'a globalement pris une quinzaine d'années, j'étais toute seule derrière le groupe, donc c'était super silencieux. Blanc et silencieux. Un peu comme le Pôle Nord, en fait (enfin, en vrai j'en sais rien, j'y suis jamais allée, au Pôle Nord).
Après de longues heures de marche (arrivée à un certain moment, j'ai arrêté de compter, parce que savoir combien j'avais marché c'était aussi savoir combien de temps il restait avant d'arriver, et comme là j'avais pas encore fait la moitié, c'était plus démotivant qu'autre chose), on arrive enfin à une hauteur raisonnable. Ou du moins assez haut pour ne plus être dans le brouillard, et avoir un aperçu du décor. Et d'un seul coup, en voyant ça, on en a plus rien à faire, des heures de souffrance qu'on vient d'endurer.
Après de longues heures de marche (arrivée à un certain moment, j'ai arrêté de compter, parce que savoir combien j'avais marché c'était aussi savoir combien de temps il restait avant d'arriver, et comme là j'avais pas encore fait la moitié, c'était plus démotivant qu'autre chose), on arrive enfin à une hauteur raisonnable. Ou du moins assez haut pour ne plus être dans le brouillard, et avoir un aperçu du décor. Et d'un seul coup, en voyant ça, on en a plus rien à faire, des heures de souffrance qu'on vient d'endurer.
Devant vos yeux ébahis, voici le mont Ngauruhoe, alias la Montagne du Destin. Il est possible de grimper au sommet, mais il faut rajouter 2h de marche au moins, et c'est conseillé uniquement aux grimpeurs entrainés. Autant dire que moi qui galérais déjà sur les randonnées classées faciles dans les Alpes avec ma famille, je ne me sens pas concernée.
Là, on voit déjà plus que ça grimpe. Ce qu'on voit moins, c'est la neige fondue et le verglas sur le sol. Y a pas à dire, la neige ça rend tout 100 fois plus spectaculaire, mais ça rend aussi tout beaucoup plus glissant. Ceci dit, toutes les photos publicitaires que j'avais vu du Tongariro Alpine Crossing ont été prises en été, donc sans neige, et c'est comme ça que la plupart des gens le voit. Du coup, même si ça a été plus difficile, je suis bien contente de l'avoir vu enneigé, parce que c'est tellement plus joli!
Et voilà, de quoi se croire en plein milieu d'un film. A ce moment-là, dans ma tête, c'était un mélange entre "Frozen", "le Seigneur des Anneaux" et un film de Noël. Oui, je sais, c'est assez inattendu comme mélange...
La bonne nouvelle, arrivées là, c'est que quand on a fini de monter, il y en a encore! Et oui, le Tongariro crossing, c'est aussi ça : beaucoup de fausses joies en se disant que "allez, après cette montée-là, on est au sommet!" pour se rendre compte que non, en fait ça continue. Au bout d'un moment, quand même, on atteint le sommet du mont Tongariro, à 1978 mètres d'altitude.
La bonne nouvelle, arrivées là, c'est que quand on a fini de monter, il y en a encore! Et oui, le Tongariro crossing, c'est aussi ça : beaucoup de fausses joies en se disant que "allez, après cette montée-là, on est au sommet!" pour se rendre compte que non, en fait ça continue. Au bout d'un moment, quand même, on atteint le sommet du mont Tongariro, à 1978 mètres d'altitude.
Après une pause "photos panoramiques" au sommet, nous descendons (enfin!), toujours dans la neige, pour s'arrêter manger à côté d'un des lacs du parc, le Lac Emeraude (oooooh c'est beauuuu!).
Après un petit repas bien froid (je sais pas si vous avez déjà essayé de pic-niquer dans la neige, mais si non, continuez comme ça, je vous assure que vous ne ratez rien), nous nous remettons en route, pour parcourir la deuxième moitié avant la tombée de la nuit. La bonne nouvelle? Après avoir eu une petite descente juste avant, on est reparties pour une montée!
Ca y est, ça a été difficile mais la dernière montée du trajet est dernière nous. Nous sommes maintenant au bord de l'autre lac du parc, le Lac Bleu (oui, c'est moins original et poétique comme nom...).
Donc vous l'avez bien compris, on a fini de monter. Ce qui veut dire qu'à partir de maintenant, on va descendre. Non-stop. Pendant les 10 derniers kilomètres. Heureusement, à partir du 11ème ou 12ème kilomètre, la neige se fait de plus en plus rare, et disparaît même complètement aux environs du 13ème kilomètre.
En descendant, on arrive même à voir de la fumée sortant d'un volcan au loin. Et oui, ça sent mauvais, très mauvais.
Oui, le truc marron-gris qui serpente dans les collines, c'est le chemin qu'on doit suivre. Et non, ce ne sont pas plusieurs routes au choix, c'est la même, et il va falloir faire tout ça. Jusqu'au bout.
Je vais être honnête, après m'être plainte pendant la montée, je peux vous dire que 10km de descente sans pause pour finir c'est beaucoup plus difficile que la montée, surtout pendant les deux dernières heures. A tel point que sur la fin, plus personne ne parlait, plus personne ne souriait, plus personne ne râlait, on ne faisait que marcher, un peu comme des robots.
Je crois que le pire, ça aura été de voir un banc avec des panneaux indicateurs au détour du chemin, d'y voir un signe que tout était bientôt fini, et de se rendre compte à la lecture des panneaux qu'il restait 45 minutes de marche avant l'arrivée.
Alors oui, 45 minutes, sur 7 ou 8h, c'est pas tant que ça, et sans l'avoir fait on pourrait s'imaginer que c'est plutôt bon signe d'être presque à la fin. Sauf que là, justement après avoir marché 7 ou 8h, à force d'avoir les pieds en feu à chaque fois qu'on les pose par terre, le dos fatigué par le port du sac, la bouteille d'eau complètement vide, et (dans mon cas), les genoux en bouillie complète, cette fausse joie ça a été une douche froide pour ma motivation. Ce qui m'a rassurée après, c'est que quand j'en ai discuté avec tous mes autres camarades randonneurs, j'ai compris que ça avait été un coup dur pour eux aussi! Ce qui a rajouté à la difficulté, c'est que les 2-3 dernières heures de marches ont lieu en plein milieu d'une forêt d'arbres natifs, palmiers, fougères et autres végétaux rigolos. Mais du coup, les paysages sont beaucoup moins diversifiés, et beaucoup moins prompt à détourner l'attention de l'effort fourni.
Ces 45 dernières minutes, je n'ai toujours aucune idée de comment je les ai parcourues. Je boitais plus que je ne marchais, j'avais des larmes aux yeux parce que physiquement je n'en pouvais plus, et j'avais mal absolument partout. En permanence, j'avais cette petite voix dans ma tête qui me disait que le plus simple, ce serait de m'allonger dans un coin, au bord du chemin, et de me mettre à pleurer en attendant que quelqu'un ne vienne me chercher. Allez savoir comment et pourquoi, je ne l'ai pas fait, et le seul moment ou j'ai pleuré c'est de soulagement, en atteignant le parking et en me rendant compte que tout était fini.
Le retour vers l'hôtel dans le car s'est fait dans un silence absolu. Personne ne dormait, mais personne n'avait plus d'énergie pour parler non plus, alors on s'est tous affalés dans nos sièges, et on a savouré le plaisir d'être assis.
Dimanche 05 Mai 2014
Le réveil ce matin à été rempli de courbatures pour tout le monde, et d'ampoules pour les moins chanceux d'entre nous (dont je ne fais pas parti *ode à mes chaussures de marche*).
Avant de repartir sur Auckland, nous nous sommes arrêtés pour prendre quelques photos du parc vu de loin. Et comme ça, ça fait un peu bizarre ce se dire que c'est là-bas qu'on était, hier!
Je vais être honnête, après m'être plainte pendant la montée, je peux vous dire que 10km de descente sans pause pour finir c'est beaucoup plus difficile que la montée, surtout pendant les deux dernières heures. A tel point que sur la fin, plus personne ne parlait, plus personne ne souriait, plus personne ne râlait, on ne faisait que marcher, un peu comme des robots.
Je crois que le pire, ça aura été de voir un banc avec des panneaux indicateurs au détour du chemin, d'y voir un signe que tout était bientôt fini, et de se rendre compte à la lecture des panneaux qu'il restait 45 minutes de marche avant l'arrivée.
Alors oui, 45 minutes, sur 7 ou 8h, c'est pas tant que ça, et sans l'avoir fait on pourrait s'imaginer que c'est plutôt bon signe d'être presque à la fin. Sauf que là, justement après avoir marché 7 ou 8h, à force d'avoir les pieds en feu à chaque fois qu'on les pose par terre, le dos fatigué par le port du sac, la bouteille d'eau complètement vide, et (dans mon cas), les genoux en bouillie complète, cette fausse joie ça a été une douche froide pour ma motivation. Ce qui m'a rassurée après, c'est que quand j'en ai discuté avec tous mes autres camarades randonneurs, j'ai compris que ça avait été un coup dur pour eux aussi! Ce qui a rajouté à la difficulté, c'est que les 2-3 dernières heures de marches ont lieu en plein milieu d'une forêt d'arbres natifs, palmiers, fougères et autres végétaux rigolos. Mais du coup, les paysages sont beaucoup moins diversifiés, et beaucoup moins prompt à détourner l'attention de l'effort fourni.
Ces 45 dernières minutes, je n'ai toujours aucune idée de comment je les ai parcourues. Je boitais plus que je ne marchais, j'avais des larmes aux yeux parce que physiquement je n'en pouvais plus, et j'avais mal absolument partout. En permanence, j'avais cette petite voix dans ma tête qui me disait que le plus simple, ce serait de m'allonger dans un coin, au bord du chemin, et de me mettre à pleurer en attendant que quelqu'un ne vienne me chercher. Allez savoir comment et pourquoi, je ne l'ai pas fait, et le seul moment ou j'ai pleuré c'est de soulagement, en atteignant le parking et en me rendant compte que tout était fini.
Le retour vers l'hôtel dans le car s'est fait dans un silence absolu. Personne ne dormait, mais personne n'avait plus d'énergie pour parler non plus, alors on s'est tous affalés dans nos sièges, et on a savouré le plaisir d'être assis.
Dimanche 05 Mai 2014
Le réveil ce matin à été rempli de courbatures pour tout le monde, et d'ampoules pour les moins chanceux d'entre nous (dont je ne fais pas parti *ode à mes chaussures de marche*).
Avant de repartir sur Auckland, nous nous sommes arrêtés pour prendre quelques photos du parc vu de loin. Et comme ça, ça fait un peu bizarre ce se dire que c'est là-bas qu'on était, hier!
Pour conclure (parce que oui, maintenant je fais des conclusions dans mes articles, comme pour une dissert' de philo mais avec un sujet moins intelligent), le Tongariro Crossing, c'est dur, vraiment très dur. En tout cas, assez dur pour m'avoir poussé au bout de mes limites physiques et mentales (mais pour être juste, il faut bien avouer aussi que les miennes sont plutôt facile à atteindre, je ne pense pas annoncer un scoop en disant que ma relation avec le sport est absolument non-existante).
Ceci dit, les paysages qu'on a la chance de voir pendant la randonnée valent très largement le coup, et la fierté qu'on ressent à l'arrivée aussi. Pour preuve, j'ai mis au moins 6 ou 7 jours à m'en remettre entièrement, à ne plus ressentir aucune courbature et à pouvoir bouger les genoux à peu près normalement, et je me rappelle comme si c'était hier d'à quel point j'ai souffert pendant les dernières heures. Et pourtant, le Tongariro Crossing se classe sans aucun problème dans le top 5 des activités que j'ai préféré ici, et si c'était à refaire, je signerai sans hésitation.
Je vous fais des gros bisous et je vous dit à très bientôt,
Coink'
"There will come a time when you believe
everything is finished. That will be the beginning."
–Louis L’Amour
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